Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/125

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En second lieu, dans les temps difficiles que nous traversons, les responsabilités doivent être côtières, et vous ne trouverez pas mauvais que, n’ayant partagé avec personne celles que j’ai acceptes depuis plus de sept mois, je ne veuille, à compter de ma sortie de la préfecture, o avoir à répondre que des actes individuels du simple citoyen, et du journaliste que je serai demain.

À cette ferme réponse, Duportal ajoutait l’ironique proposition à son successeur de venir assister à la revue de la garde nationale, « excellente occasion, ajoutait-il malicieusement, d’entrer en fonctions ». M. de Kératry se déroba prudemment à l’invitation railleuse, et ajourna sa prise de possession.

PROCLAMATION AU CAPITOLE

La revue avait pour objet la formation d’une garde constitutionnelle destinée à aller prêter main forte à l’Assemblée nationale Les gardes nationaux se rendirent à l’heure indiquée devant la préfecture, drapeau en tête. À deux heures, M. Duportal reçut les officiers, en présence de MM. Castelbon, maire, de Saint-Georges, premier président, Manau, procureur général, Delcarrou, procureur de la République. La réunion tourna autrement que ne l’avait pensé M. de Kératry que ne l’avait peut-être secrètement désiré M. Duportal. Tout en sympathisant à distance et de cœur avec les insurgés de Paris, Duportal ne tenait probablement pas à se trouver le chef des bandes insurrectionnelles de Toulouse. Les officiers de la garde nationale, bien loin de déclarer qu’ils étaient prêts à se mettre en route pour donner mainforte à Versailles, acclamèrent Paris et sa Commune. Ils parurent bientôt compromettants. Ils réclamaient, les uns la destitution de M. de Kératry, d’autres son arrestation. On disait le nouveau préfet caché à l’Arsenal.