Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/147

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le rappel. Il s’agit de faire décider par la garde nationale qu’elle adhère au gouvernement de Versailles. Les bataillons, dont Espivent connaissait mal l’esprit, se rassemblent sur le cours Belzunce. La population accourt, acclame Paris. Les gardes nationaux, encadrés par la foule enthousiaste, défilent par la Cannebière, suivent la rue Saint-Ferréol, débouchent devant la préfecture, aussitôt cernée, bientôt envahie. Un coup de feu part on ne sait d’où ; comme à un signal les gardes nationaux et les manifestants pénètrent dans l’Hôtel, arrêtent le préfet, le contre-amiral Crosnier, le secrétaire général Ollivier. Gaston Crémieux, du balcon, proclame une Commission provisoire, en attendant le vote de la Commune. On applaudit l’orateur, on approuve la motion. Gaston Crémieux propose de mettre en liberté l’amiral, le préfet et les autres prisonniers. La foule s’y oppose. Un délégué du Comité Central de Paris, Landeck, arrivé le matin, accompagné d’Amouroux, reproche à Crémieux sa modération. Les prisonniers sont gardés à vue, et l’on demande à l’amiral Crosnier de donner sa démission. Dans un but d’apaisement, et pensant que sa retraite donnera satisfaction à la foule, l’amiral signe, et cette signature, qui lui fut par la suite reprochée comme une désertion, amena le malheureux amiral à se brûler la cervelle.

La Commission nommée en plein air, par l’acclamation populaire, se composait de six membres. Avant de rien décider, aussitôt réunie, elle envoya demander aux conseillers municipaux, à la garde nationale et aux groupes républicains de désigner des délégués qui se joindraient à elle. Ce qui fut accepté et donna à la Commission improvisée une certaine autorité. L’opinion fut satisfaite par la présence des représentants du conseil municipal et de tous les groupes organisés. Le ton modéré de la première com-