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dité et même de modérantisme, comme disait le délégué parisien Landeck, l’inoffensif bourgeois Gaston Crémieux fut condamné à mort. Des démarches pressantes furent tentées en sa faveur. Il avait une jeune femme et quatre enfants. L’un d’eux, Me Eugène Crémieux, est devenu avocat distingué au barreau parisien. M. Thiers fut inexorable : Il devait cette amende honorable à sa majorité rurale : Gaston Crémieux fut fusillé à Marseille, le 28 juin 1871.

FIN DE LA GUERRE CIVILE EN PROVINCE

Avec la prise de la préfecture de Marseille par les troupes du gouvernement, la guerre civile était finie en province : En réalité, il n’y avait eu que deux ou trois tentatives sérieuses de soulèvement. La Commune, c’est-à-dire un gouvernement révolutionnaire local, adhérant au gouvernement communaliste parisien, n’avait pu s’établir nulle part. Il y avait eu, sur certains points, des rassemblements tumultueux, des prises d’armes, et les autorités régulières avaient été expulsées, contraintes à céder momentanément les préfectures, les mairies, à sortir même de la cité avec les troupes, comme à Marseille, mais bientôt elles étaient rentrées en possession de leurs pouvoirs et de leurs locaux. Il y avait eu collision ou combat à Marseille, à Narbonne ; à Toulouse, à Saint-Étienne et à Lyon, mais ces journées furent peu sanglantes. Des meurtres, comme celui de M. de l’Espée à Saint-Étienne, du colonel Billet à Limoges, étaient des faits isolés, accidentels aussi. Ils servirent de prétexte aux représailles disproportionnées. Au moment même où Marseille se rendait, sous les obus des batteries de Notre-Dame de la Garde, le canon tannait au pont de Neuilly, au Mont Valérien, et la vraie guerre civile, la guerre entre Paris et Versailles, était allumée. Le feu, de part et d’autre,