Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

été formulée. Dans plusieurs arrondissements, les adversaires notoires du Comité central avaient été nommés avec des majorités importantes. Cela devait suffire à démontrer la liberté des électeurs, la sincérité de l’élection. Si les maires, si les candidats modérés en vue avaient échoué dans certains quartiers, notamment à Belleville, à Montmartre, ce résultat ne devait surprendre personne.

Si le vote ne pouvait être contesté, soit à raison de la disproportion entre le nombre des votants et le chiffre des inscrits, soit par suite de violences qui se seraient produites autour des urnes, ni encore sous le prétexte que les opposants intimidés n’avaient pu venir déposer librement leur bulletin, était-il permis de protester contre la convocation considérée comme illégale, et pouvait-on conclure de son illégitimité à l’illégalité des opérations, entraînant par conséquent la nullité du scrutin ? La loi exigeait en effet que la convocation électorale fût faite par le gouvernement, publiée par le préfet de la Seine, sous l’autorité et le visa du ministre de l’Intérieur. Cette condition était d’ordre sans doute absolu, mais en temps normal. Ne pouvait-elle être jugée, sinon comme abrogée, du moins comme suspendue à raison des circonstances ? Le gouvernement n’avait-il pas renoncé à l’usage de sa prérogative en prenant la fuite, en s’abstenant de convoquer directement les électeurs ? Il avait délégué ses pouvoirs, en ce qui concernait cette convocation nécessaire et urgente. Les maires restés à Paris avaient été mandatés expressément par le ministre de l’Intérieur Picard, pour prendre toutes les mesures intéressant l’administration et la sécurité de la ville pendant l’absence du gouvernement. Il n’y avait pas de mesure plus indispensable à prendre que la convocation des électeurs, qui devait, pensait-on, éviter la guerre civile. Elle l’a retardée seulement, mais n’était-ce