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bevoie, ou qui se rendirent, lorsqu’ils furent cernés sur la route après la prise de la barricade. Ils furent entraînés au rond-point des Bergères, territoire de Puteaux, et fusillés sur-le-champ, sans interrogatoire.

EXÉCUTION SOMMAIRE DES PRISONNIERS

Ces exécutions sans jugement de belligérants faits prisonniers, ou qui avaient jeté leurs armes, sont des faits malheureusement certains. On a pu essayer de les expliquer par la fureur du combat, par l’exaspération des soldats, à qui l’on avait dit que les gardes nationaux n’étaient que des bandits, ne respectant ni les lois de l’humanité, ni les règles de la guerre, ne craignant pas de tirer sur les parlementaires et sur les médecins, mais il est impossible de contester ces meurtres comme de les justifier. La guerre civile débutait, du côté des Versaillais, par un acte de sauvagerie.

Deux écrivains contemporains, républicains modérés, généralement impartiaux, sinon hostiles à la Commune, liés du moins avec les hommes du gouvernement, ont constaté ces faits atroces, qui devaient par la suite constituer pour les généraux versaillais comme une jurisprudence scélérate. On lit dans leurs notes, écrites au jour le jour, et publiées en 1871 aussitôt après les événements, et qui ont une autre valeur testimoniale que les pamphlets furibonds et sans autorité historique de la réaction affolée :

Dans cette triste journée, les gendarmes fusillèrent à Puteaux, sans qu’il ait été procédé à un jugement, même sommaire, des gardes nationaux prisonniers.

Plus tard, le gouvernement niera qu’il ait été procédé à de semblables exécutions. Nous opposons d’avance à cette assertion la plus catégorique dénégation. Le fait est malheureusement trop