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Guerre. Il accepta, et prit possession immédiatement. Il se rendit donc au ministère le dimanche soir, à six heures, avec le comte de Beaufort, « un jeune homme charmant, dit-il dans ses Mémoires, qui s’était offert spontanément pour m’accompagner, et que je n’avais jamais vu ».

Ce comte de Beaufort, qui était surtout un exubérant et un fantaisiste, fut massacré comme coupable de trahison, dans les derniers jours de la lutte, par la foule exaspérée ayant envahi la mairie du boulevard Voltaire. Il était le cousin du membre du Comité Central Édouard Moreau. Ce fut une assez énigmatique personnalité que cet aristocrate fourvoyé parmi les insurgés. Sa bravoure, le dévouement qu’il montra pour la Commune doivent faire repousser l’accusation de trahison, propagée par une plèbe furieuse, où les mégères dominaient, foule crédule et surexcitée, que la fusillade de plus en plus proche et le récit d’exécutions sommaires accompagnant la marche progressive de l’armée victorieuse poussaient aux pires excès. Le malheureux comte de Beaufort fut surtout victime des apparences. Son nom, son titre, son élégance, ses manières hautaines semblent les causes principales de sa mort.

Cluseret, dans ses Mémoires, dit qu’il prit possession du ministère le 3 (lundi), à 6 heures du soir. C’est là une erreur de date, erreur d’un jour plein. La rectification a son intérêt. C’est le 2, le dimanche, le soir même de la reconnaissance à Courbevoie, qu’il entra en fonctions. La preuve de cette arrivée au ministère la veille du lundi 3, qui fut le jour de la grande sortie, c’est que Cluseret parle, à la même place, de cette sortie comme devant être tentée. Or, elle était plus qu’accomplie le 3, au jour et à l’heure indiqués par lui comme le moment de sa prise de possession de la délégation à la guerre.