Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/210

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trop verts, a dit aussi que « ce qu’il fallait à la France, qui meurt des dictateurs du genre de Bonaparte et de Gambetta, c’est un homme honnête, juste, simple et dévoué, s’absorbant dans le peuple comme un Lincoln, un Bolivar ». Ne cherchez pas plus loin ce phénix de la dictature. En 1871, on l’avait sous la main et Cluseret le nomme toujours avec sa grande modestie : « Cet homme que mon pays n’a pas connu, je voulais le faire connaître !… » Aussi vaniteux, aussi incapable que Lullier, mais n’allant pas comme lui jusqu’à la trahison, Cluseret fut un des hommes les plus funestes à la cause qu’il prétendait servir.

Arrêté à la suite de l’abandon du fort d’Issv, il fut détenu à Mazas, jusqu’au moment de l’entrée des troupes. On le relâcha alors, sur sa promesse d’aller aux barricades faire le coup de feu, comme un simple fédéré. Grâce à un prêtre, qui le cacha et lui donna des vêtements, il put attendre l’occasion favorable pour passer en Angleterre. Cet ecclésiastique secourable payait la dette du clergé, pour lequel Cluseret se montra toujours favorable et respectueux :

Je suis opposé à toute taquinerie mesquine contre le clergé, a-t-il dit, à propos des ecclésiastiques arrêtés. J’essayais d’enrayer le mouvement en interdisant aux gardes nationaux les arrestations arbitraires, et faisant moi-même arrêter, comme à Saint-Roch, les agents de Rigault qui mettaient tout sens dessus dessous par la fermeture des églises et l’arrestation des prêtres. (Mémoires, p.71.)

Condamné à mort par contumace par le 3e Conseil de guerre, à Versailles, le 30 août 1872, Cluseret, après divers séjours en Angleterre, en Amérique, en Suisse, revint en France à l’amnistie ; il fut élu député par la 2o circonscription de Toulon, aux élections de 1888, et réélu en 1891.