Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/224

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corps en reconnaissance se rapprocher. Chaque matin on signalait plus proches les grand’gardes de l’ennemi. Les généraux ne voulaient point temporiser et repoussaient la tactique que devait préconiser et malheureusement appliquer Cluseret : ils ne voulaient pas attendre d’être bloqués dans Paris pour commencer le feu. Avec raison, le moment d’agir leur paraissait venu. Leur position n’était point alors désavantageuse. Ils disposaient de forces, sans doute en partie inexercées, point aguerries, mais suffisamment armées et animées du meilleur esprit. Pleins d’ardeur, les officiers attendaient chaque jour le signal. La bravoure, l’intrépidité même, se manifestaient partout dans les rangs. Cette armée irrégulière avait, dans son ensemble, le désir de bien se comporter au feu. Il convient de faire remarquer qu’au 3 avril elle était encore supérieure en nombre à l’ennemi au devant duquel elle était impatiente de s’élancer. C’étaient là de sérieux éléments de succès.

Comme position topographique, les fédérés avaient derrière eux pour appui, et en cas improbable d’un échec, pour protéger une retraite, les forts du sud, l’enceinte bastionnée et de gros villages barricadés. Au devant d’eux s’étendait, au sud-ouest, une campagne accidentée, vallonnée où la cavalerie versaillaise ne pourrait se déployer ; à l’ouest le terrain était très boisé, avec les hauteurs de Rueil, de Garches et des pentes, des ravins, d’accès difficile à l’artillerie ; enfin au nord-ouest on rencontrait la Seine et des bourgs considérables, Asnières, Clichy, Levallois, Courbevoie. La plaine, entre Courbevoie, Bezons, Nanterre, offrait pour déployer des forces considérables, un vaste champ, que Versailles n’occupait pas. On pouvait, avec les troupes du centre-ouest et l’aile droite du nord-ouest, atteindre le plateau du Butard dominant le Chesnay et Versailles, sans rencontrer d’autres obstacles que ceux