Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/248

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cette sortie tardive et mal préparée du 3 avril. On voulut témérairement transformer des masses insurgées, à peine incorporées, en armées régulières capables de se plier aux formations que prescrit la tactique et susceptibles d’exécuter des mouvements de troupes exercées. Des soldats, même des recrues, peuvent, étant suffisamment com. mandés, tenir en rase campagne, se reformer quand ils sont repoussés, mais des insurgés, des civils armés, n’offrent une résistance sérieuse que derrière une barricade. On vit sans doute, pendant les six semaines de lutte sous Paris, ces mêmes civils organisés en compagnies, en bataillons, combattre énergiquement et remporter des avantages hors des tranchées et des forts. Les combats quotidiens, sous la voûte du chemin de fer, sur la route, dans le parc à Issy, dans les jardins et les vergers à Meudon, à Asnières, dans le parc de Neuilly, ont prouvé que des insurgés pouvaient tenir contre des troupes régulières et accomplir des sorties hardies. Mais ces sorties étaient toujours faites dans un champ restreint, à proximité des retranchements et des positions fortifiées. Ces civils-là incorporés, sélectionnés, et rapidement aguerris, étaient devenus au feu de véritables soldats. Mais ces combattants entraînés n’existaient pas encore au 3 avril. Les meilleurs furent comme fondus et paralysés dans une masse incohérente et impressionnable, sous le feu du Mont-Valérien, dans les plaines de Rueil et de Nanterre balayées par la cavalerie.

GUSTAVE FLOURENS

Gustave Flourens n’avait pas de commandement en chef lors de la sortie du 3 avril. Il était adjoint à Bergeret, et avait pour instructions de diriger ses troupes, par Asnières et Courbevoie, sur Rueil et Nanterre, en traversant la