Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/260

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cents mètres en aval du pont de pierre, sans être effondré complètement, était coupé, démoli, obstrué, impraticable. Flourens n’aurait pu s’y engager, pas plus du reste que ne songèrent à l’utiliser, pour se sauver dans la direction de Bezons et Colombes, pour regagner Paris coupant la presqu’île de Gennevilliers par le pont d’Asnières, les bataillons de Bergeret et de Flourens, dispersés sous les obus du Mont-Valérien, pourchassés par les cavaliers de Gralliffet et de Preuil. L’un des historiens de la Commune, généralement fort exact, M. Fiaux, raconte que « Flourens est rejeté avec une partie des siens dans Chatou, où, ne pouvant rallier ses soldats, il est obligé de chercher un refuge dans une auberge ». Comment M. Fiaux a-t-il pu s’expliquer la traversée de la Seine accomplie par Flourens et Cipriani, lorsqu’il constate, quelques lignes plus haut, dans son récit que « le matin, vers huit heures, après avoir occupé la gare de Rueil, 1,500 gardes nationaux environ s’étaient dirigés sur Chatou. Le pont ayant été coupé, le mouvement en avant s’était interrompu et quelques gardes seulement avaient passé la Seine en bateau ». Ce bateau resta pour le retour amarré sur l’autre rive, mais les malheureux gardes nationaux isolés furent fusillés sur place par Galliffet. Aucun batelier ne fut signalé comme ayant passé Flourens. Celui-ci n’a pu traverser la rivière en barque : il est resté sur la rive gauche, où il a été surpris et tué. C’est sur le quai de halage, entre les deux ponts de Chatou (pont de pierre et pont du chemin de fer), mais sur le territoire de Rueil, à l’endroit où est établi aujourd’hui le dépôt de charbons de la maison Domage-Louesse, qu’il a cherché asile.

Là se trouvait une petite guinguette avec tonnelle et cour étroite ou jardinet sur le devant, fréquentée par les pêcheurs et les gens de la marine. Elle n’était pas installée au bord