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compagnie d’officiers de l’armée, venaient toutes souriantes voir le cadavre de Flourens ; il ne leur faisait plus peur. D’une façon infâme et lâche elles fouillaient du bout de leurs ombrelles la cervelle de ce mort. Dans la nuit, je fus séparé à jamais des restes sanglants de ce pauvre et cher ami, et renfermé dans les caves.

Ainsi fut assassiné, et outragé après sa mort, Gustave Flourens, par les bandits de Versailles.

Almicare Cipriani.

De l’ensemble de ces récits tragiques, qu’on peut comparer et fondre en certaines parties, la certitude résulte que Gustave Flourens, surpris après le combat et loin du champ de bataille, dans une chambre où il était endormi, fut mis en état d’arrestation, puis, sous les veux et entre les mains de gendarmes se disposant à l’emmener prisonnier, a été tué à coups de sabre, dans un accès de fureur sauvage, par un capitaine nommé Desmarets. Cet assassin a, dans le premier moment, été approuvé par le gouvernement de Versailles qui le décora. Mais ensuite, on eut honte de conserver cet homme dans l’armée ; on lui donna une fonction civile, où il demeura oublié et impuni.

PROCLAMATION DE GALLIFFET

L’exemple d’égorger les prisonniers venait de haut. Le général bonapartiste Galliffet[1], à qui l’on eut par la suite la fantaisie bizarre de confier le portefeuille de la guerre dans un cabinet républicain, se signala dans la guerre civile entre tous ses collègues par sa cruauté. Ce tortionnaire s’était fait la main au Mexique, en maltraitant, en

  1. Gaston-Alexandre-Auguste Porceret, marquis de Galliffet, né à Paris le 23 janvier 1830. Engagée volontaire en 1848, capitaine de cavalerie au Mexique, colonel, puis général de brigade (contesté) à Sedan, Ier septembre 1870, général de division, commandant de corps d’armée, etc., etc., ministre de la guerre cabinet Waldeck-Rousseau.