Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/323

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enquête immédiate devait constater la nature de ces biens et les mettre à la disposition de la nation.

Ceux qui ont voté ce décret ne peuvent être blâmés. Ils ne pouvaient point voter contre. On ne se représente pas bien les élus du 26 mars se prononçant pour le maintien du budget des cultes et déclarant que le concordat devait conserver tous ses effets, que le mariage contracté sous les auspices du premier consul et du pape entre l’Église et l’État était indissoluble. Mais le blâme doit s’adresser à ceux qui ont proposé cette mesure intempestive, inutile, et dépassant le mandat municipal ou communal.

Si l’on s’était borné à supprimer le budget des cultes, pour Paris, en déclarant séparées la Commune de Paris et l’Église, la mesure pouvait être approuvée en principe, mais discutée comme inopportune à un moment de lutte armée, quand il y avait assez de causes de divisions entre les citoyens, sans aller en introduire une nouvelle, dépourvue d’application immédiate. Surtout à cette époque, une partie de la population tenait aux cérémonies du culte, par tradition, par habitude, par des considérations où la foi entrait pour peu. La Première Communion fut célébrée, au mois de mai 71, avec la pompe et l’affluence accoutumées dans plusieurs paroisses de Paris. Mais le décret avait cette gravité morale qu’il exprimait un empiétement du pouvoir municipal sur le domaine national. La Commune de Paris en séparant l’État et l’Église se séparait elle-même de l’État ; elle se substituait à l’État et sans la volonté nationale. Cette attitude peut d’ailleurs être soutenue, et, en principe, se trouver justifiée. Pour le fait particulier des rapports religieux, on peut dire qu’il n’appartenait pas à une autorité exclusivement parisienne, aux pouvoirs et même à l’existence contestés au delà des fortifications, et dont les attributions provisoires ne devaient être que muni-