Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/326

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chait par exemple la conscription et les rapports de l’État avec les églises, un régime nouveau. La Commune agissait comme si elle fût le gouvernement issu du vote de toute la France, comme si elle était une république de communes autonomes avec Paris pour chef-lieu fédéral, devenue, par la force et par le consentement du pays, le gouvernement national.

Il y avait toutefois une certaine logique dans cette attitude.

Plusieurs décrets de la Commune d’une portée générale, comme celui que nous venons d’indiquer séparant l’Église de l’État, comme l’abolition de la conscription, la réforme de la magistrature, etc., etc., ont été critiqués, en apparence avec justesse. Ces mesures qui n’étaient pas absolument des nouveautés, qui avaient été, à la fin de l’empire, discutées et adoptées dans les réunions publiques, et figuraient dans les programmes démocratiques, avaient le défaut d’être pour le moment inapplicables, irréalisables. La Commune eut-elle tort de décréter des impossibilités ? Et comme certains bavards parlent pour ne rien dire, eut-elle ce travers de légiférer dans le vide ? Assurément, au point de vue immédiatement pratique, ces décrets qu’elle savait être inexistants, semblent devoir être blâmés, mais les adversaires lui ont suffisamment reproché de n’avoir point de programme, pour qu’elle se soit efforcée, dès les premiers jours de son entrée à l’Hôtel-de-Ville, de formuler sous La forme de décrets ce qu’elle affirmait vouloir réaliser. Les décrets exprimaient sa volonté d’accomplir certaines réformes claires et réclamées, mais cette réalisation était subordonnée à la possibilité de l’obtenir, à la puissance de l’imposer. La critique n’est donc pas absolument juste.

Doit-on reprocher à la Commune le caractère général et théorique de ces décrets ? Est-ce une audace criminelle de sa