Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/329

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autres mesures de portée générale, la Commune déjà aux premiers jours d’avril se scindait au moins moralement. Bien que les cosmopolites, les socialistes internationaux, les fédéralistes n’aient pas protesté, ces décisions les séparaient de la vraie majorité de l’Assemblée. On ne devait constater qu’ultérieurement cette profonde division. Les socialistes internationaux avaient une grande indifférence pour ces mesures politiques qui prenaient le caractère de lois nationales. Ils ne s’y opposèrent cependant pas, attendu qu’elles leur paraissaient inspirées par un sentiment révolutionnaire excellent, auquel ils ne devaient pas mettre obstacle. Au fond ils étaient d’avis que la Commune parisienne ne devait s’occuper que des intérêts de la cité, des besoins et du programme de Paris. Ils étaient relativement dans le vrai, parce qu’on se débattait en pleine bataille, et qu’il s’agissait à ce moment-là de défendre Issy et de garder Neuilly, parce qu’il importait peu que fût supprimé le budget des cultes en Bretagne ou en Savoie. Mais, en dehors des circonstances actuelles et locales, la Commune paraissait avisée et prévoyante en légiférant audacieusement pour toute la France. Elle proclamait ainsi qu’elle n’entendait pas restreindre son rôle et son action dans les limites étroites de la cité et qu’elle était autre chose qu’un conseil municipal de village. Elle reconnaissait aussi que la formule Paris-ville-libre était une utopie et une absurdité. La Commune maintenait ainsi à Paris son titre de capitale. Elle continuait sa tradition, contre laquelle, comme au temps d’Étienne Marcel, la province maugréait et protestait. Elle voulait faire la révolution pour toute la France et se donnait la tâche d’organiser un gouvernement, comme, en attendant la réunion d’assemblées constituantes, Paris avait déjà agi en juillet 1830, au 24 février 1844, au 4 septembre 70.