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cès dus surtout à l’infériorité numérique des fédérés. On le pressait d’en finir. Il répondait aux impatients : « Je ne ferai une tentative sur une place aussi forte que Paris que lorsque j’aurai tous les moyens nécessaires pour réussir. »

Et M. Thiers concluait, pour essayer de convaincre et de calmer l’Assemblée réclamant l’assaut :

La place de Paris est tellement formidable qu’il ne serait pas raisonnable de l’attaquer avec 50,000 hommes. J’étais convaincu que c’était par la puissance des feux que nous triompherions, et nous étions loin alors d’avoir une artillerie suffisante.

Continuant l’exposé de ses efforts pour parvenir à avoir en main la force qu’il estimait nécessaire pour prendre Paris, il dit encore :

L’Assemblée a bien voulu me laisser faire. Je dis à la commission des Quinze mes raisons d’attendre et de temporiser jusqu’à ce que le moment fût propice, et elle finit par m’approuver.

Alors, il faut le rappeler, les prussiens étaient de très mauvaise humeur. Il n’est pas vrai, comme on l’a prétendu, que j’eusse beaucoup de difficultés avec le gouvernement prussien à propos de la Commune, et qu’il eût pour elle la moindre prédilection. Il veut seulement quelques dépêches désagréables échangées à ce sujet avec M. de Bismarck…

M. de Bismarck offrait publiquement ses secours contre la Commune, secours qu’évidemment nous ne pouvions point accepter. Il nous pressait même d’en finir, et à cet égard joignait ses impatiences à celles d’un certain nombre de députés, qui auraient voulu substituer leurs idées aux nôtres sans connaître la situation et ses difficultés.

Cependant, malgré ces démêlés, malgré le traité qui limitait à 40,000 hommes l’armée de Paris, M. de Bismarck consentit à une augmentation, qui fut d’abord de 10,000 hommes, puis de 130,000. Il nous en fournit même les moyens en nous renvoyant un nombre assez considérable de nos prisonniers, dont il avait suspendu le retour par suite des contestations survenues…

(Déposition de M. Thiers. — Enquête Parlementaire, t. II, p. 14.)