Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/391

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l’Enquête. L’amiral a raconté qu’un misérable espion, nommé Veysset, lequel fut d’ailleurs surpris et fusillé, avait avancé 20,000 francs, dont 5,000 de sa poche, le reste fourni par la caisse de la maison Cail et Becquier, à l’aide de camp de Dombrowski, pour obtenir que les portes du Point-du-Jour, d’Auteuil et de l’avenue de l’Impératrice (bois de Boulogne), fussent dégarnies. Dombrowski aurait demandé trois jours pour opérer ce mouvement, qui devait favoriser l’entrée des troupes dans Paris.

Dombrowski, a dit impudemment Saisset, était de très bonne foi et je suis convaincu qu’il croyait tout à fait à l’exécution de ce projet, car il fit successivement retirer la majeure partie de ses troupes, et vous avez pu voir que, quand on s’est présenté, comme par hasard, à une de ces portes, celle où est venu l’ingénieur Ducatel, il n’y avait plus personne depuis quarante-huit heures…

(Enquête Parlementaire, dep. de l’Amiral Saisset, p. 316.)

L’agent Veysset a tout simplement voulu escroquer vingt mille francs à Versailles, et se faire un titre auprès de M. Thiers de ses prétendus agissements pour corrompre Dombrowski. Nous avons déjà exposé dans quel esprit de crédulité l’amiral Saisset s’était abouché avec l’nventurier Arronhson pour obtenir l’élargissement du général Chanzy arrêté à la gare d’Orléans. L’amiral avait touché pour cette opération cent mille francs à la Banque de France, qu’il s’était bien gardé d’employer à l’usage pour lequel ils étaient demandés et remis : « Je n’ai pas donné d’argent, a-t-il dit, quant aux cent mille francs, je les ai partagés entre mes aides de camp. » Le témoignage de cet amiral, à demi déséquilibré, n’a aucune valeur en ce qui concerne la prétendue corruption de Dombrowski. N’a-t-il pas affirmé, dans cette même enquête, que Cremer, Rossel, Cluseret et Dombrowski étaient des agents prussiens. « Pour Dombrowski, j’en suis sûr, a-t-il ajouté avec un aplomb