Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/411

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en réserves, était-ce une raison pour renoncer à attaquer de nouveau, avec une préparation meilleure, avec des forces mieux combinées, surtout avec de l’artillerie, avec des renforts prêts à être lancés, afin de dégager le Mont-Valérien, de réoccuper le pont de Neuilly, Courbevoie, Meudon, et de défendre le plateau de Châtillon ? L’armée de Versailles n’était pas encore réorganisée ni complétée, et elle eût été forcée de reculer, de se défendre en arrière de ses positions avancées. Comme Cluseret ne fit aucune démonstration de ce genre, les versaillais tranquillisés se maintinrent pendant quinze jours ou continuèrent leur lent mouvement d’approche, sans être sérieusement inquiétés, malgré de brillants et partiels retours offensifs sur Asnières et Courbevoie, à Neuilly et à Issy.

La seconde faute, également très grave, puisque Cluseret ne comprenait la lutte qu’au-dedans, fut de ne pas rendre Paris imprenable, de ne pas essayer le possible et l’impossible pour faire de la ville barricadée, partout armée, avec tous ses points stratégiques défendus, un gigantesque réduit où une armée engagée devrait infailliblement périr ou se désagréger. Rien ne fut même tenté par lui pour préparer cette défense de rues. Lors de l’entrée des troupes, Paris fut pris au dépourvu. Le système des barricades et de redoutes intérieures, qu’on avait cependant discuté et adopté dans la Commission Exécutive et au ministère de la Guerre, ne reçut même pas un commencement d’exécution, en dehors de la construction purement décorative, dont nous avons parlé, l’imposante fortification de la rue de Rivoli, dirigée par Gaillard.

La responsabilité de Cluseret s’étend donc au delà de son ministère, puisque c’est par sa négligence que Paris, surpris et envahi au 21 mai, au lieu d’opposer une série de positions à enlever depuis Le Point-du-Jour et la ligne des