son biographe Gustave Geffroy, dans les listes de quarante-huit noms élaborées par les clubs, les comités et les journaux. Les rancunes et les ignorances firent leur œuvre, comme toujours. Lorsque Flotte, son fidèle ami, vint lui apprendre que, même le comité de la Corderie, malgré la parole pressante d’Édouard Vaillant, avait écarté son nom, la tristesse descendit sur le front du vieillard, et ce témoin dit avoir vu briller des larmes dans ces yeux qui n’avaient pleuré que la mort d’Amélie Suzanne. »
Nul candidat ne méritait mieux que lui d’être nommé par Paris, pour défendre Paris et la République, également menacés. Mais Blanqui était traité en ennemi, en paria par les républicains modérés ; il était un disparu, un oublié pour les avancés. L’ingratitude est la monnaie avec laquelle la démocratie paie, à tour de rôle, ses meilleurs serviteurs. Découragé, accablé par les malheurs de la Patrie, de plus, malade, Blanqui quitta Paris pour prendre un peu de repos moral et physique. Il se rendit à Loullé, dans le Lot, chez le docteur La Cambre, qui avait épousé sa nièce. Sa sœur, Mme Barellier, l’accompagna pour le soigner. Ce fut là qu’ont vint l’arrêter le 17 mars 1871, malade.
L’arrestation parut motivée par une condamnation prononcée par contumace, pour les événements du 31 octobre. C’était bien loin, bien effacé le mouvement du 31 octobre ! On ne pouvait même, juridiquement, établir une culpabilité, une responsabilité pénale, dans le fait d’avoir tenté de renverser le gouvernement légal, puisque cette légalité n’existait pas alors pour le pouvoir insurrectionnel issu du 4 septembre, puisque cette légalité ne fut reconnue qu’à la suite du 31 octobre, par le plébiscite du 8 novembre. La plupart des citoyens poursuivis pour ces mêmes faits avaient été acquittés par le conseil de guerre. On aurait pu s’assurer de ta personne du contumax bien avant cette date