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furent les négociations publiques et une bataille au grand jour. On semble donc émettre une opinion hasardeuse en attribuant à Blanqui absent, prisonnier, une influence, une action sur les événements accomplis du 18 mars au 22 mai 1871. Cette influence et cette action sont indéniables cependant. Les blanquistes furent le parti de l’action, les vrais, les importants « communards » ; ils se plaçaient là où se serait posté le chef, s’il n’eût été arrêté, enterré, la veille du Dix-Huit mars. Ils ont agi comme Blanqui l’avait indiqué, comme il voulait procéder au lendemain d’un de ces complots, d’un de ces coups de force sur lesquels il comptait seulement pour imposer la Révolution démocratique et sociale. Pénétrés de sa pensée, subissant la volonté de l’absent dont l’expression leur était familière, les blanquistes lui obéirent de loin en disciples fidèles, et c’est ainsi que le « Vieux », du fond de sa prison, paraît nettement, par ses jeunes suppléants, avoir dominé, dirigé la Commune de 1871.

Nous verrons les blanquistes à l’œuvre à mesure que les événements se dérouleront.

Un seul homme parut, en 1871, se douter de l’importance et de l’autorité de Blanqui, même prisonnier. Ce fut M. Thiers, lorsqu’il refusa obstinément d’échanger l’inoffensif archevêque Darboy contre le redoutable détenu. M. Thiers se souciait peu que le malheureux prélat fût sauf ou massacré, mais il ne voulait pas donner à la Commune le chef qui lui manquait. Pourtant, et c’est une opinion toute personnelle que j’émets, une impression si l’on veut, M. Thiers paraît s’être exagéré l’importance de ce chef in partibus. S’il eût consenti au troc, l’archevêque eût bien été sauvé, mais la Commune n’en eût pas moins été vaincue et perdue. Peut-être l’exécution de Darboy entrait-elle dans les vues du perfide et sanguinaire vain-