Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/78

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naient des éléments récalcitrants ou timorés, n’osèrent protester, et finalement se rallièrent.

En juillet 1830, comme au 24 février 1848, l’opinion était préparée au renversement de la royauté. Des voix écoutées, dans les banquets et les réunions, avaient disposé l’opinion à la révolution attendue. La république, bien que n’ayant pour elle qu’une minorité, pouvait, devait être acclamée ou subie partout, dès que Paris l’aurait proclamée. L’établissement de la royauté orléaniste ne fut qu’un tour de prestidigitation de la part des notabilités dirigeantes, adroitement exécuté et passivement supporté. La République fut escamotée, mais la royauté de droit divin disparut aussi. La capitale ayant, au 24 février, par un coup de force, dispersé les pouvoirs établis, la province avait approuvé immédiatement une expulsion qu’elle comprenait. Son consentement était acquis à l’avance. Au Deux-Décembre 1851, la province, sauf sur quelques points, où se produisirent de louables résistances partielles, ratifia également l’insurrection bonapartiste. C’est qu’elle était peu satisfaite du régime existant. L’impôt des 45 centimes habilement exploité dans les campagnes, la crainte des « rouges » issue de la révolte de juin, les divisions de l’Assemblée législative, ses manœuvres monarchiques et la mutilation du suffrage universel disposèrent l’opinion à la soumission. En outre, le pouvoir parisien disposait de la propagande napoléonienne effrénée, à double face, du prince-président. Maître de la puissance exécutive et de l’armée, ayant placé à la tête des principaux services administratifs ses créatures, il se trouvait légalement supérieur à chaque représentant et à l’Assemblée même, par les suffrages plébiscitaires. Il était en outre porté par le prestige du nom du grand homme. Tous ces éléments favorables servirent le coup d’état. Aux uns, Louis-Napoléon était pré-