Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/82

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tait prisonnière dans une tour, victime de la France, sœur aînée impérieuse. Et la sœur captive soupirait dans l’attente de la délivrance. Paris au Dix-Huit mars venait encore d’annoncer une révolution qu’on ne désirait pas et de notifier un gouvernement inattendu, composé de gens dont personne n’avait entendu parler. Il invitait à reconnaître comme chefs ces intrus. On n’obéirait pas cette fois. On ferait l’oreille sourde à ce nouveau caprice. La province ne répondrait plus au télégraphe, comme une servante à la sonnette.

Le mouvement du Dix-Huit mars avait été une surprise pour tout le monde, surtout pour les départements. Les provinciaux furent désagréablement dérangés dans leur premier repos. Ils n’étaient pourtant pas enthousiasmés par cette Assemblée nationale qu’ils avaient nommée un peu au hasard, et seulement afin de se débarrasser à tout prix des prussiens. Envers les hobereaux de la droite, qui supportaient Thiers, en attendant mieux, la province montrait certainement de la défiance. L’opinion départementale ne voulait pas d’une restauration monarchique. La purge amère de Sedan avait fait rejeter l’empire à la France écœurée, et elle n’était point disposée à revenir à son vomissement. Son estomac délabré ne réclamait que la diète, les émollients. Elle voulait la paix au dedans comme elle l’avait obtenue à l’extérieur. Elle était prête à considérer comme des prussiens ceux qui voulaient recommencer les combats à l’intérieur, entre soi, susceptibles de raviver la guerre étrangère à peine éteinte. On avait un régime républicain modéré, supportable, on devait s’y tenir et ne pas chercher une République extrême avec des excitants nouveaux, provoquant dans tout le corps social des contractions pénibles, la mort peut-être.

Aux premières nouvelles des événements survenus à