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§ I. — La Commune à Lyon

LE 4 SEPTEMBRE À LYON

Dès le lundi 19 mars, Lyon, seconde ville de France, parut s’agiter. L’adhésion à la Commune de cette cité républicaine, si considérable par sa richesse, sa population ouvrière, sa situation administrative et régionale, son antique renommée de métropole religieuse, de capitale romaine, de centre géographique et commercial, pouvait être décisive. Lyon eût entraîné tout le midi, et arrêté M. Thiers dans son entreprise. En maintenant, en imposant le régime communaliste, par sa fédération avec Paris, Lyon eût forcé l’Assemblée de Versailles à transiger, peut-être à accepter la convocation d’une Constituante. Alors la Révolution était accomplie. Il n’y avait plus deux Frances, mais une seule nation réunie sous le drapeau de la République démocratique, avec la Fédération des Gardes Nationales et des Communes de France, recevant l’inspiration et la direction de la Commune de Paris. Les sentiments décentralisateurs et autonomes de Lyon semblaient favoriser cette alliance, qui eût réalisé le rêve d’Étienne Marcel.

Le mouvement cependant dura peu à Lyon. Il reprit et se prolongea dans quelques villes : Marseille, Saint-Étienne, Narbonne. Il fut comprimé rudement ou languit ailleurs, comme un foyer où manque le combustible. L’incendie annoncé, redouté, s’éteignit bientôt partout. La rébellion, un instant menaçante, dégénéra en protestations inutiles et en manifestations sans portée. L’insurrection du Dix-