Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Comité de Salut Public fit afficher une brève proclamation, avec l’en-tête : République Française-Commune de Lyon. Elle disait : « Les malheurs de la Patrie nous dictent notre devoir. Nous décrétons immédiatement la déchéance de l’Empire et la proclamation de la République. »

Parmi les membres de ce Comité de Salut Public feuraient les citoyens : Barodet, Chanoz, Andrieux, Durand, Lentillon, Favier, Magnard, Grosbois, Chanal, Castanier, docteur Crestin, Chaverot, etc…, tous bons républicains, patriotes et dévoués, mais pour la plupart neufs et timides, ayant été tenus jusque-là à l’écart des affaires publiques. Le gouvernement de la Défense nationale, informé de la constitution du Comité provisoire de Lyon, le reconnut par une dépêche parvenue à onze heures du soir, l’invitant à sauvegarder l’ordre et à maintenir la tranquillité de la ville. M. Challemel-Lacour, délégué du gouvernement, arriva bientôt. Cet universitaire dogmatique et sec, qui n’avait que le formulaire de démocratique, déplut à tout le monde dès son entrée. Le Comité de Salut Public était fier de l’audace qu’il avait montrée en proclamant la République, sans attendre le mot d’ordre de Paris, sans se préoccuper de ce qui se passait dans la capitale. Cette initiative hardie l’effrayait aussi un peu, après coup. Elle pouvait devenir périlleuse pour les personnalités modestes et sans mandat, qui, l’empire étant encore nominalement le gouvernement légal, avaient osé spontanément lui substituer le régime républicain. Challemel-Lacour ne parut pas admirer le courage de ces précurseurs et ne leur fit aucun compliment. Il joua trop au proconsul, et considéra comme des révolutionnaires ces paisibles citoyens qui portaient le nom, un peu lourd, des commissaires de la Convention.

Il les intimida, et fit, à plusieurs, l’effet d’un second préfet impérial. L’un des membres du Comité de Salut Public,