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VERLAINE EMPLOYÉ

de direction, l’employé subalterne resté à son poste pût être inquiété, révoqué, ou poursuivi, cela ne devait entrer dans aucune cervelle raisonnable. Cette hypothèse n’était pas administrative. Les précédents existaient qui rassuraient, qui encourageaient à rester.

L’employé, continuant son service malgré le bouleversement politique, fut naturellement accueilli et félicité par les nouveaux maîtres de l’Hôtel-de-Ville. Le désarroi était complet dans les bureaux. On ne pouvait, en un tel moment, faire de l’administration régulière. On occupait les employés qui se présentaient à divers services de première nécessité. Il y avait des besognes municipales qui ne pouvaient être interrompues, car elles correspondaient à des besoins publics immédiats et à des fonctionnements quotidiens qui n’éprouvaient aucune interruption, naissances, décès, voirie, marchés, octroi, etc. Le bureau auquel était attaché Verlaine n’était pas dans ce cas : l’ordonnancement des mandats aux desservants et curés pouvait attendre. L’employé Verlaine était présent ; il donnait le bon exemple, on ne pouvait le renvoyer. Pour l’utiliser, on le désigna pour le bureau de la presse. Sa qualité d’homme de lettres suffit à le faire choisir pour cet emploi, qui consistait dans la lecture et la coupure des journaux. Un extrait des principaux organes, ainsi colligés, découpés, classés, étiquetés, collés, devait être fourni, chaque matin, au secrétariat de la Commune. Ce service existait sous l’Empire, au cabinet du préfet, et avait été conservé au 4 septembre. L’employé qui en était chargé n’avait aucune réflexion à émettre : il se bornait à indiquer le journal, avec sa date, d’où l’article signalé était extrait. C’était l’Argus officiel. Travail utile, intéressant, mais ne comportant ni appréciation, ni participation. Une tâche d’enregis-