Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/152

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de divagations politiques et de propositions de révolution. Il ne pouvait ni lire tout, ni répondre à tous. Quant aux photographies, la police indiscrète les eût probablement interceptées, expédiées par la poste directement. Suspectes de propagandisme républicain, ces politesses de l’exilé eussent souvent attiré des persécutions aux destinataires.

Victor Hugo, d’ailleurs, s’il ne lut pas, à leur apparition, les Poèmes Saturniens, et s’il les louangea de confiance, selon son habitude, les connut plus tard. Lorsque Verlaine vint lui rendre visite, à Bruxelles, Victor Hugo le reçut dans le fameux logement de la place des Barricades, offert par la suite en asile aux proscrits de la Commune. Hospitalité périlleuse, car elle soumit les fenêtres du poète à une indigne lapidation. La populace brabançonne était alors fanatisée de réaction et entièrement défavorable à quiconque avait participé à l’insurrection parisienne, ou semblait l’approuver. Il faudra se souvenir du traitement injurieux auquel fut soumis alors Victor Hugo, et de l’obligation où il se trouva de quitter la Belgique, à cause de la Commune, quand nous apprécierons la sévère condamnation dont Paul Verlaine, réputé alors communard, fut frappé par les magistrats belges.

Le grand poète, averti du passage de l’auteur, s’était sans doute préparé. Flatteusement, il cita quelques vers de son hôte. Cet hommage personnel et délicat rendit Verlaine fort heureux, quoiqu’il fût médiocrement sensible aux compliments. Durant le même séjour, en 1868, Verlaine fut présenté à Mme  Victor Hugo, la Muse romantique, l’Adèle immortelle qui avait inspiré, outre la vive passion de son mari, dont les Lettres à la fiancée, récemment publiées, ont attesté toute l’ardeur amoureuse,