Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/154

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tation par Coppée, avait paru à propos d’une visite semblable à celle de Verlaine, faite par l’auteur du Passant à l’illustre proscrit.

— Vous revenez de Guernesey, comment avez-vous trouvé Victor Hugo ? faisait dire Victor Noir à un interlocuteur de Coppée, dans un écho du journal le Corsaire.

— Très bien conservé, était supposé avoir répondu Coppée, mais je lui ai trouvé l’air un peu provincial…

Le propos fut nié, désavoué. Il était pourtant vraisemblable. Cette allure provinciale, ce caractère bonhomme, Victor Hugo les garda durant toute sa féconde et glorieuse vieillesse. Il ne chercha pas à se signaler par les allures, par le costume. Il ne se faisait pas, pour se montrer en public, la tête de l’homme célèbre. Il était de ceux qui passent inaperçus dans la foule d’une grande ville. Bien qu’il parcourût deux fois par jour, en omnibus, l’itinéraire de Batignolles-Jardin-des-Plantes, et cela pendant de nombreuses années, aucun des conducteurs, aucun des voyageurs de cette ligne, fréquentée par des artistes, des écrivains, des hommes politiques, ne soupçonna jamais le grand homme, dans ce vieux monsieur, à bonne barbe blanche, modestement assis, et qui semblait un bonhomme quelconque, paisible et obscur retraité batignollais. Cette vulgarité d’allures n’enlève rien à la grandeur de Victor Hugo, elle la rehausse au contraire, encore, si c’est possible. Il n’était disposé, à la solennité, voire à un peu d’emphase, que la plume à la main, quand il répondait à quelque admirateur. Ses discours, ses manifestes politiques, ses proclamations et ses appels aux chefs d’État, aux nations, dont la facture est toujours grandiloquente, ne pourraient faire soupçonner tant de simplicité. On pourrait lui appliquer