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Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/287

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Ceci était peut-être plus arbitraire que l’arrestation, car, du moment que les prévenus justifiaient de leur identité, qu’ils n’étaient convaincus d’aucun délit, qu’ils n’étaient ni vagabonds ni mendiants, il n’y avait nulle raison pour leur interdire, étant français, le séjour d’Arras, ni pour les ramener à leur lieu d’origine.

Verlaine et Rimbaud furent donc ramenés vers la gare. En route, ils prirent quelque nourriture, offrirent la goutte aux gendarmes, et furent embarqués dans le premier train à destination de Paris. Arrivés à la gare du Nord, ils descendirent, se restaurèrent, et repartirent immédiatement pour la Belgique, De là, ils passèrent en Angleterre, sans encombre.

De Londres, Verlaine m’écrivit de nombreuses lettres, intéressantes surtout par le pittoresque, le coloris, l’humour, et l’originalité concise des descriptions de la vie anglaise. Il me donnait aussi, au milieu de ses remarques, de ses impressions, et de ses notes linguistiques et anecdotiques, quelques indications sur ses sentiments personnels, ses travaux, ses projets. Il y faisait, en même temps, de nombreuses allusions au procès en séparation de corps déjà entamé par sa femme, sur l’insistance de ses parents.

On manque de détails sur les premiers moments du séjour de Verlaine et de Rimbaud à Londres, Voici une lettre non datée, mais qui est des environs d’octobre 1872, excusant par les nombreux déplacements des deux voyageurs l’impossibilité de donner une adresse :


Mon cher ami,

Tu es certainement au courant de toute cette affaire [son départ, la séparation de fait d’avec sa femme, procès commencé à l’instigation de la famille], car il paraît que ma femme, après m’avoir écrit lettres illogiques sur lettres insen-