Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/334

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moi un peu des choses de Paris… À très bientôt une autre lettre et le manusse.

Je te serre les pinces bien cordialement.
P. V.


Les Romances sans paroles, que Verlaine n’avait pu faire éditer à Londres, comme il l’avait annoncé dans une de ses lettres, ne trouvèrent pas d’éditeur à Paris. Lechevalier, à qui je m’étais adressé, selon l’intention de Verlaine, refusa. D’autres éditeurs sollicités firent même réponse négative. Je gardai le manuscrit, — Gustave, comme le dénommait l’auteur dans ses lettres, — attendant une occasion. Le moment était d’ailleurs peu propice. On était en plein coup d’État parlementaire. M. Thiers avait été renversé, et, à Versailles, la royauté avait failli sortir, pour un instant, de son tombeau.

Les affaires conjugales du poète n’allaient guère mieux. Les projets de réconciliation s’étaient évanouis. Le papier timbré voltigeait. Un jugement du tribunal civil prononçant la séparation de corps, car le divorce n’existait pas encore, était attendu. Arthur Rimbaud, rappelé par Verlaine, était revenu le joindre à Bouillon. Ce retour fut fêté par une griserie sérieuse. Verlaine et son compagnon déambulèrent quelque temps dans les Ardennes, puis, derechef assortis, s’embarquèrent pour l’Angleterre, que tous deux désiraient revoir.

La lettre suivante, où il n’est pas question de Rimbaud, d’ailleurs, annonçait ce retour à Londres, et me recommandait encore les Romances sans paroles.


Jéhonville, le 19 mai 1873.

Tu recevras, en même temps que cette lettre, le fameux manusse. Dès que tu pourras, occupe-t’en. Ne le montre guère