Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/353

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mal disposé à son égard, reproduisit, dans sa déposition chez le commissaire, plusieurs articulations de faits de la demande en séparation de corps introduite par sa fille. Parmi celles-ci figurait l’imputation que l’on sait, concernant les mœurs de Verlaine et de Rimbaud.

Ces défavorables rapports servirent de prétexte à la justice belge pour retenir l’affaire, et pour transformer en procès correctionnel un délit de simple police. Aux termes de notre code, en vigueur en Belgique, puisqu’il n’y avait eu que des violences légères, n’ayant entraîné aucune incapacité de travail, l’infraction constatée, en y ajoutant le port d’armes prohibées, était susceptible seulement d’être punie des peines de simple police, amende et cinq jours de prison au maximum.

Cette exposition des faits qui ont motivé le renvoi de Verlaine devant le tribunal correctionnel de Bruxelles est corroborée par toutes les pièces au dossier.

Je détacherai les deux extraits suivants de « l’instruction suivie à la charge de Paul Verlaine, dossier no 148, de 1873, reposant au greffe de la Cour d’appel séant à Bruxelles », documents absolument inédits, qu’il m’a été difficile de me procurer, et dont l’authenticité est établie par le visa du greffier actuel ainsi conçu : « No 318. Copie du 19 août 1897, signé illisiblement. »

Voici d’abord la déposition d’Arthur Rimbaud devant le Juge d’instruction.

Déposition du témoin Rimbaud Arthur, en date du 12 juillet 1873.


J’ai fait, il y a deux ans environ, la connaissance de Verlaine à Paris. L’année dernière, à la suite de dissentiments avec sa femme et la famille de celle-ci, il me proposa d’aller avec lui à l’étranger ; nous devions gagner notre vie d’une manière ou d’autre, car moi je n’ai aucune fortune person-