Page:Lepelletier - Paul Verlaine, 1907.djvu/421

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lement avec conscience, mais avec compétence, sa nouvelle fonction professorale.

En Angleterre, à Stickney notamment, il avait un peu joué les Maître-Jacques de l’enseignement. Il donnait jusqu’à des leçons de dessin, lui, caricaturiste amusant, mais au crayon rudimentaire et à la plume enfantine. À Rethel, il eut la double spécialité de la littérature française, où sa compétence était indiscutable, et de la langue anglaise. Il possédait donc assez bien l’anglais, mais sa prononciation était douteuse. Les élèves de Notre-Dame durent s’en contenter. Mallarmé, également professeur d’anglais, mais dans un lycée de Paris, plaisantait volontiers, par la suite, son collègue. Il lui attribuait la méthode, plutôt fantaisiste, de faire prononcer par ses élèves le français courant avec l’intonation des Anglais de café-concert. Ainsi ils devaient dire : « Aoh ! cômente vô nômez cêlla ! » Peut-être Stéphane Mallarmé visait-il surtout le rival supérieur en poésie, en se moquant du collègue en « English teaching ».

S’observant, se guindant, affectant un maintien sévère, sans être cafard, Verlaine s’acquit rapidement l’estime des ecclésiastiques du collège. Le Directeur et son collègue du cours de littérature, nommé Eugène Royer, le trouvaient un peu trop boutonné. Les prêtres entre eux, avec leurs commensaux, se départissent volontiers de la rigidité professionnelle. Le professeur de rhétorique, nommé Dogny, essaya de lier connaissance avec ce peu communicatif collègue. Un point de discussion de linguistique fut l’occasion de ce rapprochement. Verlaine, à qui, au fond, cette morgue voulue pesait, ne demanda pas mieux que d’entrer en communication avec des gens qui paraissaient si désireux d’être aimables. Dès lors, il vécut avec le personnel du collège Notre-