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de lettres », et cette indication spéciale : « Verlaine chez lui. »

On ne s’informait même pas de sa disparition, entre habitués. Quelqu’un cependant, négligemment, demandait parfois : « Savez-vous dans quel hôpital est Verlaine ? »

J’avais fait, dans l’Écho de Paris, un article, où je signalais, avec une certaine émotion, l’état maladif et besogneux du poète. Quelques-uns de ses camarades d’apéritifs lui suggérèrent l’opinion que, le dépeignant miséreux, j’avais attenté à sa dignité. C’était bouffon. Un petit journal, publié Cour des Miracles, annonça que Verlaine m’avait écrit pour me blâmer. C’était une erreur.

La lettre qu’on va lire rétablit les faits :


Paris, le 17 février 1889.
Cher ami,

J’apprends qu’il a paru dans l’Écho de Paris, un article de toi, où il est question de moi en termes amusants et affectueux. Je vais tâcher à me procurer le numéro. En attendant, je saisis cette occasion de te remercier de ton bon souvenir. Ce qui m’avait, je l’avoue, agacé dans l’article du 12 courant, c’était de me lire, comme qui dirait me voir « crevant de misère », à l’hôpital légendaire, et « bébête » au fond, de Gilbert, H. Moreau, et toute la lyre poitrinaire et intéressante dont il m’em… d’être tenu pour un pinceur convaincu. On est, vois-tu bien, par moments, très susceptible, étant données certaines positions, et je suis bien sûr que ce n’est pas toi qui me reprocherais d’être fier, fût-ce un peu trop par moments.

Et la main de tout cœur,

P. Verlaine.
Hôpital Broussais.

Je reçois à l’instant ta carte, et non seulement sans rancune, mais avec une nouvelle poignée de main.

P. V.