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Page:Leprince de Beaumont - Le Magasin des enfants, 1843.djvu/122

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LE MAGASIN DES ENFANTS.

JULIETTE.

Ils ne peuvent pas en être les maîtres, car toutes ces choses sont à papa, et ils lui en rendent compte.

MADEMOISELLE.

Eh bien ! ma chère, nous sommes les fermiers du bon Dieu. Il nous donne de l’argent pour nous nourrir, nous habiller, pour élever nos enfants ; payer les marchands, les domestiques, et assister les pauvres ; et comme les fermiers sont obligés de rendre compte à leurs maîtres, et qu’ils les feraient mettre en prison s’ils dépensaient leur argent mal à propos, de même le bon Dieu fera rendre compte aux riches de l’argent qu’il leur aura donné, et les punira s’ils le dépensent en folies. D’ailleurs il faut être bien méchante pour dépenser tant d’argent au jeu, ou à l’opéra, et aux bals, pendant qu’il y à un si grand nombre de pauvres qui n’ont pas un morceau de pain !

MARIE.

Il y a des gens qui n’ont point de pain, mademoiselle ?

MADEMOISELLE.

Oui, ma chère. Il y en a qui n’ont point de lit, d’autres qui meurent de froid en hiver, d’autres qui sont même sans chemises et qui manquent d’ouvrage pour gagner de l’argent.

MARIE.

Ah ! mon Dieu, mademoiselle, cela me fait pitié. Prenez tout mon argent pour soulager ces pauvres gens.

MADEMOISELLE.

Vous avez donc beaucoup d’argent ?

MARIE.

Ma bonne amie, j’ai deux louis. Prenez-les, je vous prie, pour ces malheureux.

MADEMOISELLE.

Venez m’embrasser, ma chère amie, je vous aime de tout mon cœur ; et pour vous récompenser, nous dirons quelque chose de la géographie que vous aimez tant.

Vous voyez ce plat, rempli d’eau ; supposez que ce soit la mer, et tous les morceaux de carton que je vais mettre dessus