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Page:Leprince de Beaumont - Le Magasin des enfants, 1843.djvu/17

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LEPRINCE DE BEAUMONT.

Green, dit le locataire du premier… et je la croyais riche.

— Riche ! se récria mistress Green, ça paye une chambre une livre par mois, et ça déjeune, ça dîne, ça soupe avec un schelling, pain et viande tout compris, qu’elle va acheter elle-même à la halle tous les matins ; riche ! il fait un froid d’enfer, et ça n’a pas seulement les moyens d’avoir une chaufferette pour se chauffer !

— Mais n’est-ce pas madame Leprince de Beaumont ? demanda le locataire.

— C'est le-nom inscrit sur le registre, dit l’hôtesse.

— C’est bien elle, dit le locataire. C’est une dame du plus haut mérite. L’année dernière, j’étais à Commerci au moment où elle offrit au roi de Pologne un roman de sa composition, le Triomphe de la Vérité. Ce livre était très-bien. Faites-moi l’amitié, mistress Green, d’aller demander à madame de Beaumont l’honneur d’une visite.

Madame Leprince de Beaumont avait trop d’esprit pour éprouver une fausse honte sur l’état de gêne où elle se trouvait ; elle acceueillit très-bien son compatriote, et ne lui cacha pas qu’elle désirait obtenir à Londres une place d’institutrice dans une grande maison. Celui-ci s’engagea à la lui procurer ; effectivement il la présenta chez lady ***, qui l’accueillit parfaitement, et lui confia l’éducation de ses filles. Par les soins de madame de Beaumont, sa protégée trouva, elle aussi, une place de sous-maîtresse dans une pension.

Ce fut pour ses élèves que madame Leprince de Beaumont composa, en 1757, son meilleur ouvrage, le Magasin des Enfants, qui eut un si grand succès, qu'il fut traduit dans toutes les langues de l’Europe. Très-souvent réimprimé, ce livre à toujours obtenu l’approbation du public. Il est écrit avec simplicité et clarté ;