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Page:Leprince de Beaumont - Le Magasin des enfants, 1843.djvu/25

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Décoration en arabesque incluant un homme et une dame qui lisent


DEUXIÈME DIALOGUE.

JULIETTE, SOPHIE.
JULIETTE.


Jsuis bien fâchée, ma bonne amie, et je viens vous conter le sujet de mon chagrin.

SOPHIE.

Qu’avez-vous, ma chère ? On dirait que vous avez pleuré : vous avez les yeux rouges.

JULIETTE.

J’ai pleuré toute la matinée, et j’en ai encore grande envie. Je vous disais l’autre jour que je liais beaucoup pour avoir de l’esprit et me faire louer : eh bien, je ne veux plus lire ; je veux jeter mes livres et mes cartes de géographie dans le feu.

SOPHIE.

Donnez-les-moi plutôt, ma chère ; mais dites-moi donc, pourquoi ne les aimez-vous plus ?

JULIETTE.

Je vais vous conter ce qui m’est arrivé ce matin : vous verrez que j’ai raison d’être fâchée contre mon esprit et contre mes livres qui me l’ont donné. M. Orgemond et son frère sont venus déjeuner chez nous. Ils étaient dans la salle, en attendant papa, qui lisait des lettres. Aussitôt que j’ai su que M. Orgemond était en bas, je me suis empressée de descendre, parce que j’aime beaucoup à être avec