Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/106

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— Jeanne, s’écria-t-elle avec impatience, je n’y suis pour personne !

— Encore moins pour moi que pour les autres, Antoinette ? demanda derrière elle une voix mélodieuse et pleine de tendresse.

Elle se releva d’un soubresaut et retourna la tête ; ses regards rencontrèrent les yeux noirs et suppliants d’Audley Sternfield, qui lui demandaient plus éloquemment que la parole la faveur de le recevoir.

— Ma bien-aimée, continua-t-il, pardonnez-moi cette fois au moins d’avoir écarté Jeanne et de m’être présenté devant vous sans me faire annoncer ; mais je viens d apprendre que M. de Mirecourt arrive demain, et j’ai à vous faire part de choses que vous devez savoir. Dites-moi d’abord que vous me pardonnez ?

Et il s’empara d’une des mains d’Antoinette que celle-ci lui abandonna en se détournant.

— Je suis venu implorer mon pardon pour les contrariétés que je vous ai causées dans notre dernière entrevue ; je suis venu expier ma folie et mes extravagances.

— Au moins vous avez pris votre temps, répondit la jeune fille en réprimant un léger tremblement de lèvres.

Ô imprudente Antoinette ! comme elle trahissait sa faiblesse par ce naïf reproche ! Le sourire de triomphe qui se peignit sur le visage de Sternfield dit assez qu’il ne laissait pas passer cet aveu inaperçu. Cependant,