Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/21

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que la fleur de notre jeune noblesse, nous ont laissés pour toujours ; ceux de ces derniers qui restent au pays sont dispersés dans les campagnes, enfermés dans de lugubres seigneuries ou de vieux manoirs solitaires ; ils ne seraient que des visiteurs incertains et d’occasion. Assurément, je n’ouvrirai pas mes salons, qui ont été fréquentés tous les soirs, pendant si longtemps, par des hommes comme le colonel de Bourlamarque et ses chevaleresques compagnons, à des employés au gouvernement inférieur que nos maîtres anglais n’ont pas même jugé dignes d’être destitués. Mais, dis-moi, les deux jeunes Léonard doivent-elles venir à la ville prochainement ?

— Oui, j’ai reçu hier une lettre de Louise qui m’annonce qu’elles doivent venir toutes deux passer une couple de mois à Montréal chez leur tante.

— Tant mieux : elles sont jolies, élégantes elles seront par conséquent ajoutées à notre cercle. Mais, je dois t’avertir à temps qu’il faut que tu aies pour mardi prochain une jolie toilette de bal dont je me propose de surveiller en personne l’achat et la confection. J’ai décidé que nous célébrerions la Sainte Catherine avec tout l’éclat possible. En attendant, je dois te dire que si tu t’ennuies quelque peu lorsque tu seras seule dans ta chambre, tu n’auras qu’à te poster près de la fenêtre à toutes les heures de relevée : tu pourras voir de là les superbes tournures de nos futurs invités qui se promènent constamment sur la rue.