Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/235

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La seule réponse d’Antoinette fut un long soupir.

— Comment peux-tu souffrir cela ? continua sa cousine avec indignation. Une semaine sans venir te voir, et passer sous nos fenêtres avec une jeune et jolie fille ! Si tu ne le punis pas, tu es entièrement dépourvue de caractère.

— Qu’ai-je à faire ? demanda Antoinette d’un air abattu.

— Ce que tu as à faire ? Pourquoi ne pas user de représailles ? Sors demain et promènes toi avec un aimable monsieur : cela ramènera ce mari réfractaire au sentiment de ses devoirs.

— Jamais, Lucille, jamais ! j’ai assez longtemps erré ; avec le secours du ciel, je n’irai pas plus loin.

— Alors, la prochaine fois qu’il viendra te voir, fonds sur lui avec colère ; dis-lui qu’il est un tyran, un misérable sans cœur.

— Ce moyen provoquera difficilement son repentir, répondit-elle tristement

— Eh ! bien, alors, si tu ne lui fais pas sentir sa faute n’importe comment, je te dis franchement que tu n’as ni orgueil, ni dignité.

— Lucille ! il ne me reste plus à faire usage que de patience et de douceur.

— Antoinette de Mirecourt ! s’écria madame d’Aulnay soudainement, tu n’aimes pas cet homme ; si tu l’aimais, sa conduite ferait bouillonner d’indignation ton sang dans tes veines.