Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/268

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Elle sortit du temple quelques minutes après, fortifiée par la communion intime qu’elle venait d’avoir avec son Créateur. Elle s’arrêta à quelques pas de là et regarda avec mélancolie les nombreuses tombes qui l’environnaient ; malgré le triste aspect du cimetière, encore recouvert, en quelques endroits, du blanc manteau de l’hiver, et offrant, ailleurs, l’apparence de l’approche du printemps, un souhait, ou plutôt une prière s’échappa du fond de son âme : elle demanda au ciel que le paisible sommeil de la mort lui fût accordé avant la venue de l’époque redoutée où Sternfield devait la réclamer pour sa femme.

Comme elle remontait en voiture, elle aperçut le colonel Evelyn qui s’approchait ; mais il passa près d’elle en lui faisant seulement un salut, respectueux il est vrai, mais plein de froideur. Plus loin, elle rencontra quelques-unes des personnes qu’elle avait souvent vues chez sa cousine et qui la saluèrent avec un respect réel, car elle était pour tous une favorite. Mais quand elle fut passée, ses amis ne manquèrent pas de faire des remarques sur l’altération de ses traits, se demandant avec étonnement si la beauté des Canadiennes se flétrissait aussi rapidement que la sienne.