Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/317

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plutôt une personne qui te touche de très-près : enfin, c’est d’Audley Sternfield que je veux te parler.

— Eh ! bien, qu’y a-t-il ? demanda faiblement la jeune fille.

— Tiens, prends et lis, — et elle lui remit la lettre de Louis ; — mais, ma chère Antoinette, pour l’amour de Dieu ! sois calme, ne tombes pas en faiblesse, ne t’évanouis pas.

La pauvre Antoinette ne fit rien de tout cela, mais ses joues se décolorèrent et ses lèvres devinrent terriblement blêmes pendant qu’elle lisait. À peine avait-elle parcouru la lettre qu’elle se leva, et, sans hésiter un seul moment, commença à s’habiller.

— Pourquoi cette hâte ? où vas-tu ?

— Au pauvre Audley.

— As-tu perdu tes sens, enfant ? Sais-tu où il est ? sais-tu même s’il vit encore ?

— Je m’informerai. On l’a probablement ramené à ses quartiers.

— Et veux-tu dire que toi, une jeune fille, tu vas le voir dans sa chambre ?

— Mais tu viens avec moi, Lucille ? répondit-elle d’une voix suppliante.

— Tu as certainement pris congé de ta raison, pauvre enfant ! — et l’accent de madame d’Aulnay trahissait autant d’irritation que de compassion. — Comme Montréal en parlerait demain, si nous faisions une pareille démarche ! nos noms seraient dans la bouche de tout le monde !