Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/62

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— Eh ! bien, non, répondit Justine en hésitant, fascinée qu’elle était par le regard éloquent et par la parfaite prononciation française du visiteur. Mademoiselle a reçu des lettres de chez elle il y a quelques instants ; ces lettres, apparemment, annoncent quelque mauvaise nouvelle, car en passant tout à l’heure devant la porte entr’ouverte de sa chambre, j’ai pu m’apercevoir qu’elle pleurait.

L’élégant Sternfield murmura quelques remerciements et s’élança dans la rue.

— Des lettres de chez elle et des pleurs à propos de ces lettres ! pensa-t-il : je saurais demain de madame d’Aulnay ce que cela veut dire. Cette petite beauté campagnarde m’est d’un trop grand prix pour que je la laisse échapper aussi facilement.

Une demi-heure après, madame d’Aulnay rentrait chez elle de très bonne humeur. Ne trouvant pas Antoinette où elle l’avait laissée, elle courut en toute hâte dans sa chambre ; en chemin, elle rencontra Jeanne qui l’informa que le major Sternfield était venu durant son absence et qu’on n’avait pas voulu le recevoir.

— Allons donc ! se dit-elle, dans quelle nouvelle phase est l’humeur de ma cousine ? Je crois qu’elle a reçu de son père une longue lettre dont la lecture lui aura causé du chagrin ou des remords

Antoinette était étendue sur un canapé où elle s’était jetée pour mieux feindre un mal de tête quel-