Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/93

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— Alors je puis supposer que dès qu’il aura connaissance de l’état exact des choses, il s’empressera de venir ici, irrité, pour me gronder au point de me faire mourir de chagrin.

Et ses yeux se remplirent de larmes à la perspective que son imagination venait d’évoquer.

Beauchesne, touché, malgré les amers désappointements qu’il venait d’éprouver, des craintes naïves de sa cruelle amie, voulut calmer ses alarmes ; il l’assura que M. de Mirecourt était trop juste, trop indulgent, pour blâmer sa fille d’avoir refusé sa main quand elle ne pouvait donner son cœur.

— Ah ! c’est ce que je ne sais pas. Papa est bon sans doute, mais il n’entend pas souffrir d’objections d’aucune sorte. Cher Louis, si vous vouliez seulement être assez généreux pour me venir en aide ?

— De quoi s’agit-il ? demanda-t-il d’un ton bref.

— C’est, lorsque vous serez de retour à la maison, de rendre compte à papa des sentiments que vous devriez avoir réellement, de lui dire que, comme mes affections ne correspondent pas aux vôtres, vous vous désistez de vos prétentions à ma main.

— Très-certainement je ne ferai point cela, Antoinette de Mirecourt, répondit-il d’un ton où on pouvait saisir un mélange d’irritation et d’ironie. Tenez-vous pour heureuse que je ne lui dise pas que je suis disposé à vous attendre, serait-ce sept ans encore comme autrefois Jacob a attendu sa femme.