Page:Leprohon - Antoinette de Mirecourt ou Mariage secret et chagrins cachés, 1881.djvu/94

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— Eh ! bien, alors, Louis, dites-moi que vous me pardonnez tout ce qui vient de se passer ; dites-moi que nous serons toujours aussi bons aussi que nous l’avons été jusqu’ici.

Il eût été difficile de résister à ce regard si touchant, à cette voix si éloquente, à ce ton suppliant. Saisissant donc, dans un élan de généreuse compassion, la main de la jeune fille, Beauchesne répondit :

— Volontiers. Oui, puisque nous ne pouvons être unis, restons au moins bons amis… Mais je dois me retirer ; j’ai des affaires pressantes qui m’appellent.

— Vous ne partirez certainement pas avant d’avoir vu madame d’Aulnay : elle vous en voudrait énormément.

— Franchement, je préfère me passer aujourd’hui du plaisir de la voir. Aussi bien, je dois vous avouer que je ne l’ai guère en très-grande estime.

— Vous voulez plaisanter sans doute ? Elle s’attend à ce que vous allez rester ici, et elle serait fâchée contre moi si je vous laissais partir sans la voir. Attendez-moi un petit instant je m’en vais la chercher.

Durant son absence, un nouveau visiteur, le major Sternfield, entra dans le salon. En l’apercevant le jeune Beauchesne, avec la courtoisie qui caractérisait ses manières, s’inclina, mais le brillant officier, se drapant sous cet air de hauteur, sous ce dandysme superbe qu’il avait au moins le bon esprit de cacher lorsqu’il se trouvait en présence de madame d’Aulnay, de sa cou-