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capricieuse fille ne soyez très-heureux ensemble.

— Il est trop tard à présent pour penser à cela, trop tard pour se rétracter ! murmura t-il. Depuis bien des années j’ai résolu qu’elle serait ma femme : j’ai reposé mes espérances, mon cœur et mes désirs sur ce rêve ; je ne puis l’abandonner aujourd’hui, quand bien même il devrait me rendre malheureux !

Probablement que l’astucieuse madame de Beauvoir savait cela, car elle ne se serait pas hasardée à se jouer d’un parti dont elle estimait. la valeur à un si haut degré. Elle avait étudié le caractère de Victor de Montenay et en était venue à la ferme conviction qu’en faisant voir un peu d’indifférence, elle avancerait bien plus son projet favori, qu’en montrant trop d’empressement.

Quelque temps après sa sortie du collège, de Montenay avait formellement demandé la main de Gertrude. Flattée par les attentions d’un cavalier fort élégant recherché par la moitié des jeunes filles du même âge qu’elle, et influencée par les conseils et les arguments de sa mère qui appréciait tout particulièrement la fortune du jeune homme, elle penchait vers cette union. On prit un engagement, lequel fut le prélude d’autres d’une nature moins amicale et dans lesquels Gertrude montrait toujours la capricieuse indépendance de son caractère, et son fiancé son arbitraire jalousie.

Un jour, à la fin d’une de ces querelles, Gertrude changeant tout-à-coup un accès de