Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/116

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VIII


Durand fut un homme heureux lorsqu’il se vit installé de nouveau dans sa maison, assis, avec pipe et tabac devant lui, au milieu de ses vaillants fils qui souriaient de voir la tante Ratelle déjà occupée à raccommoder leurs hardes déchirées, tandis que lui-même écoutait les discussions enjouées et animées qu’ils avaient ensemble.

Paul s’était laissé entraîner à une violente diatribe contre la vie de collège, et fesait en termes énergiques l’éloge de la carrière agricole, ainsi que du bonheur qu’y trouve le cultivateur.

— Ainsi donc, lui dit son père, tu es déterminé à ne plus retourner au collège pour y terminer tes études, à moins d’y être forcé ? Tu veux embrasser de suite l’agriculture ?

— Oui, père : c’est la vie pleine de liberté et d’agrément qui me convient. Je ne veux pas me rendre tout-à-fait bête dans ces sombres cachots qu’on appelle bureaux, à étudier les doctes professions, à me barbouiller les doigts d’encre, à me fatiguer l’esprit pour écrire des thèses et prendre des notes !

— Tu devrais avoir honte, Paul, de parler ainsi ! intervint madame Ratelle. Après avoir coûté tant d’argent à ton père et été si longtemps au collége, tu devrais avoir acquis un peu d’amour pour les livres et la science.

— Les livres ! vociféra Paul, oh ! j’en ai assez pour toute ma vie, et je ne crois pas