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— Et puis, toi, Belfond ?

— Moi ! j’ai parcouru presque toutes les professions. J’ai d’abord essayé le Droit : oh ! c’était intolérable ! profession sèche, poudreuse et stérile ! Puis j’ai tenté la médecine ; mais quoique je pusse soutenir les horreurs des salles de dissection et voler des sujets, je ne pouvais pas endurer l’odeur des remèdes. Je n’ai pas essayé la servitude du notariat, parce que j’en avais assez de la loi sous toutes ses formes, mais il y a du temps pour prendre une décision. D’ailleurs, mon vieux garçon d’oncle, qui est aussi mon parrain, m’ayant dernièrement déclaré qu’il avait l’intention de me constituer formellement son héritier, à la condition par moi d’éviter les professions libérales, ce qui, selon lui, est en quelque sorte dérogatoire à la dignité d’un gentilhomme, peut-être qu’à la fin je deviendrai un rien qui vaille.

— Tu seras capable de le devenir, s’il est vrai que M. Lallemand soit de moitié aussi riche qu’on le dit.

— C’est vrai ! Cependant, j’aimerais à essayer quelque temps la carrière d’artiste, du moins la partie qui concerne les voyages ; mais je pense que l’oncle Toussaint ne voudra pas entendre parler de cela !… Dis donc, quoique tu n’aies pas l’intention de rester ici toute la nuit, je pense que tu n’as pas non plus celle d’en faire un monopole pour toi ! Un coin charmant où circule une brise rafraîchissante !… Aie ! mademoiselle Gertrude regarde dans cette direction. Je pense qu’elle