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Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/184

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Ne crains pas d’y rencontrer Paul, car je l’ai envoyé en commission.

Sans dire un mot Armand suivit sa tante à travers le passage dans la chambre toute tendue de draps blancs et éclairée de cierges où reposaient les restes de Paul Durand. Il y régnait une grande solennité, mais rien du repoussant qu’offre ordinairement la mort, car le cultivateur avait l’air de reposer d’un sommeil tranquille. Les traces de souffrances avaient disparu de sa figure et ses traits réguliers étaient devenus calmes, doux et paisibles. La tante et le neveu s’agenouillèrent pieusement de chaque côté du lit, et au moment où Armand relevait sa figure qui n’exprimait en ce moment qu’un profond chagrin et les yeux remplis de larmes, madame Ratelle avança le bras par-dessus le corps du défunt, lui saisit la main et la plaçant sur la poitrine inerte du mort :

— Armand, mon enfant, dit-elle, moi qui ai remplacé du mieux que j’ai pu la mère que tu as perdue si jeune, je te demande au nom de son saint souvenir et au nom de l’amour que t’a porté tout sa vie le généreux cœur sur lequel reposent actuellement ta main et la mienne, je te demande de pardonner tous les torts que ton frère a envers loi ?

— Vous me demandez trop, ma tante Ratelle.

Et Armand essayait en vain de retirer sa main des doigts serrés qui la retenaient sur la dépouille sacrée.