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auxquels sa délicate et nerveuse belle-sœur était si souvent en proie, et plus d’une fois elle l’accusa intérieurement d’affectation.

Les choses ne pouvaient pas rester longtemps dans cet état sans fournir à quelqu’un l’occasion de se décharger le cœur, et un dimanche après-midi qu’elle avait sous un prétexte quelconque refusé d’accompagner Geneviève aux vêpres, madame Chartrand entra dans la chambre où Paul fumait sa pipe dans une calme solitude. Celui-ci ne se méprit pas sur la détermination qui se lisait dans les yeux aussi bien que dans la solennité des allures de sa sœur, et il se prépara à une scène ; mais, comme un habile tacticien, il attendit l’attaque en silence.

— Paul, s’écria-t-elle brusquement, déposes là ta pipe et écoutes-moi. Je veux avoir un entretien avec toi.

— Un entretien ! et sur quel sujet ? répondit-il d’un ton bref.

— Sur quel sujet ! dis-tu. Peut-il y en avoir d’autre que la manière déplorable dont est conduit ton ménage ?

— Je crois que c’est une affaire qui ne regarde que Geneviève et moi, répondit-il sèchement en reprenant sa pipe qu’il avait momentanément déposée sur la table.

— Ceci est une réponse digne tout au plus d’être faite à un étranger, mais ce n’est pas celle que tu devrais faire à ta sœur aînée et unique qui en te parlant ainsi, n’est mue que par un affectueux intérêt pour toi. Accordes-moi un peu de patiente attention, je ne