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XVII


Encore quelques mois de luttes ennuyeuses, de combats contre la pauvreté et les troubles domestiques, puis un autre changement s’opéra dans le drame. Le brave et intelligent avocat Lahaise, dans le bureau duquel Armand avait étudié, tomba malade, et après plusieurs variations du mieux au pire, il paya sa dette à la nature. Notre héros fut très-profondément affecté par cette dernière épreuve. Il lui semblait que tous ceux qui l’avaient aimé ou lui avaient porté quelqu’intérêt lui étaient enlevés l’un après l’autre ; mais il oubliait qu’ils étaient d’un âge mûr et que dans l’ordre de la nature il était de toute éventualité de s’attendre à leur mort : il sentait seulement le vide immense que laissait dans sa vie et ses espérances chacune de ces morts.

Après les funérailles de M. Lahaise il resta pendant plusieurs jours à la maison, solitaire et inactif, donnant pour prétexte qu’il copiait des documents de lois ; mais, en réalité, il s’abandonnait de plus en plus au découragement qui l’assaillait. Était-ce l’apathie ou la maladie ? Il ne le pouvait dire ; mais une singulière aversion pour la profession qu’il avait embrassée s’emparait de lui, et il pensait qu’il lui était tout-à-fait inutile de perdre son temps à se chercher un autre patron sous les auspices duquel il pût continuer ses études légales. Il se demandait à lui-même