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pouvoir sur son mari, elle reprit avec aigreur :

— Non, tu es trop maladroit. Vas voir si tu ne pourrais pas me procurer une aide convenable.

Pouvait-il raisonnablement faire autrement que de se soumettre ? Refuser aurait été amener une scène. Il s’exécuta donc et revint quelques instants après.

— C’est comme je le craignais, dit-il : chacun est occupé !

— C’est malheureux, s’écria-t-elle en continuant à poser d’une manière ridicule. Dans quel misérable lieu avons-nous campé ? Bien, aide-moi à ôter mon manteau.

Armand, profondément mortifié et accablé de honte, se rendit à son désir, avec la conviction intime que pendant tout ce temps le froid et ironique regard de madame de Beauvoir était fixé sur eux. La jeune fille, soit par compassion pour notre héros, soit par l’impatience que lui faisaient éprouver les absurdes prétentions de sa femme, s’était assise, avec un livre, près d’une bougie qui éclairait faiblement sur la table, et quoique son attention pût être ailleurs que sur les pages de ce livre, néanmoins ses yeux y étaient fixés.

La servante vinit bientôt mettre la table pour le souper, et la comédie dans laquelle Délima était la principale figurante continua. Quoique les deux dames, qui étaient habituées à tous les luxes, ne trouvassent aucunement à redire de vive voix sur les