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Ces paroles touchèrent apparemment quelque fibre douloureuse ou peut-être quelque pressentiment funeste dans la poitrine de la jeune femme, car elle éclata en sanglots et lui dit :

— Armand, Armand, mon cœur me dit que je ne verrai plus un autre jour de l’an !

Peiné de ce découragement, Durand fit son possible pour la cajoler et la faire rire ; il lui prit la main et lui dit doucement :

— Dis-moi, chère femme, est ce qu’il y aurait quelque chose que tu désirerais que je fisse pour toi ?

— Je n’ai qu’un seul désir au monde, mais comme je sais que tu ne me l’accorderas jamais, je n’ai que faire d’en parler.

Une vague idée de la chose traversa l’esprit de notre héros et le fit frissonner ; mais il regarda la jeune et pâle figure en pleurs qui était tournée vers lui d’un air suppliant, et il dit courageusement :

— Qu’est-ce que c’est ?

— Je voudrais avoir la cousine Martel pour prendre soin de moi pendant ma maladie.

L’esprit d’Armand saisit de suite toutes les tracasseries, les tempêtes domestiques, l’intense affliction comprises dans cette simple phrase, et il garda le silence.

Délima continua :

— Tu sais que la vieille demoiselle Duprez qui occupait la petite chambre voisine est partie pour aller passer l’hiver avec ses amis aux Trois-Rivières, de sorte que nous pourrions avoir cette chambre pour la cousine